L’Evangéliste Saint Luc nous interpelle avec une question simple avant d’introduire la parabole du Bon Samaritain : « Et Qui est mon prochain ? » (Luc 10, 29). Elle ne vient pas d’un cœur en quête de vérité, mais d’un homme qui cherche à se justifier. Et pourtant, Jésus y répond avec l’une des paraboles les plus puissantes de l’Écriture : celle du Bon Samaritain.
Un homme est laissé pour mort sur le bord du chemin. Deux figures religieuses passent : un prêtre, un lévite. Ils voient, mais ne s’arrêtent pas. Puis vient un Samaritain — un étranger, un hérétique aux yeux des Juifs — et c’est lui qui s’approche, panse les plaies, prend soin, paie pour l’hébergement. Il ne demande pas qui est cet homme, ni s’il mérite son aide. Il agit.
Le prochain, selon Jésus, n’est pas celui qui nous ressemble, mais celui que nous choisissons d’aimer. Le prochain, c’est celui dont nous nous faisons proches. Ce n’est pas une catégorie sociale, religieuse ou ethnique : c’est une relation que nous créons par la compassion.
Dans cette parabole, Jésus renverse les rôles. Ce n’est pas l’homme blessé qui est le prochain, mais le Samaritain qui devient prochain par son geste. « Lequel des trois s’est montré le prochain ? » demande Jésus. Et la réponse est claire : « Celui qui a exercé la miséricorde envers lui. »
Alors, frères et sœurs, la vraie question n’est pas “qui est mon prochain ?” mais “à qui vais-je me faire prochain aujourd’hui ?” Qui vais-je regarder avec un cœur ouvert, un regard qui ne juge pas, des mains qui relèvent ?
Dans nos vies, les blessés du chemin ne manquent pas : solitude, pauvreté, exclusion, souffrance morale. Le Christ nous invite à ne pas passer outre, mais à nous arrêter, à nous pencher, à aimer.
Que cette parole nous transforme. Qu’elle nous pousse à devenir, chacun à notre manière, des Samaritains du quotidien. Car c’est là que Dieu nous attend : dans le visage de l’autre, dans l’acte gratuit, dans la miséricorde offerte.