Aimer à la Prévert

6 novembre 2025

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force et tu aimeras le prochain comme toi-même ». Nous savons cela par cœur ! Mais n’oublions pas que le mot « amour » a plusieurs sens en français.

Connaissez-vous le petit poème de Prévert : « Tu dis que tu aimes les fleurs et tu les coupes, tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage, tu dis que tu aimes les poissons et tu les manges. Alors quand tu dis que tu m’aimes, j’ai peur ! »

Si tu m’aimes comme tu aimes les fleurs, pour t’en faire un ornement ; si tu m’aimes comme tu aimes les oiseaux, pour me garder en cage ; si tu m’aimes comme tu aimes les poissons ou les choux à la crème … je ne suis plus du tout d’accord !

« Que veux-tu dire au juste quand tu me dis « je t’aime » ? »

Et le Seigneur Jésus, que veut- il dire, au juste, quand il nous dit « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ?

Une  première  réponse  se  trouve  dans  cette  belle histoire du « Bon Samaritain » imaginée par Jésus :

Aimer, ce n’est pas seulement affaire de belles paroles ou de bons sentiments ou de battements de cœur.

Aimer, c’est faire quelque chose pour les autres, c’est agir pour les autres, c’est se mettre au service des autres, quitte à y donner de son temps, de son imagination ou de son argent.

Regardez le Samaritain de la parabole : il s’approche du blessé qui est là, sur le bord de la route, il lui panse les plaies, il les désinfecte de son mieux, il le met sous la garde de quelqu’un de sûr qui prendra soin de lui… il avance l’argent nécessaire.

Au docteur de la loi qui l’interroge, Jésus  répond, deux  fois  de suite :

« Toi, aussi, fais ainsi » ; « Va, et toi aussi, fais de même ».

Il s’agit  toujours  d’agir, de  faire. Ce n’est  pas  seulement  dans ma tête que ma charité doit s’exercer, elle doit passer par mes mains ! Ce n’est pas simplement par des paroles que ma charité doit s’exercer, elle doit passer par des gestes précis, concrets.

D’ailleurs, même à propos de l’amour de Dieu, le Christ disait : « Il ne suffit pas de me dire  » Seigneur ! Seigneur ! Mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ».

* La prière, c’est bien, mais l’action, c’est mieux.

* L’intention, c’est bien, mais l’exécution, c’est mieux.

* La bonne volonté, c’est bien, mais la volonté tout court, c’est mieux.

Le chrétien n’est pas le rêveur d’un idéal impossible et inatteignable : il est d’abord l’exécutant du possible et du concret : cet homme-là, mourait, sur le bord de la route.

Dieu ne nous demande pas des exploits de romans de cape et d’épée, il désire le petit geste humble, quotidien, discret à l’égard de ceux qui sont proches de lui et qu’il appelle le « Prochain ». Un de mes amis me dit parfois : « Ce qui m’intéresse dans les gens que je rencontre, ce n’est pas ce qu’ils disent ou ce qu’ils pensent, c’est ce qu’ils font et spécialement ce qu’ils font pour les autres, pour leur entourage, pour la société, comment ils s’engagent pour faire progresser la vie ».

AIMER : ce n’est pas profiter pour soi, ni annexer, ni accaparer les autres. Cela, c’est tout le contraire de l’amour dont le Christ nous a donné l’exemple. Lui, le Christ, il n’a cessé d’agir pour les autres, de prendre parti et de se compromettre pour les plus pauvres et les plus humiliés.

Extrait d’une homélie du père Louis Dattin
Publiée par Sedifop
6 juillet 2025

15ième Dimanche du Temps Ordinaire  Lc 10, 25-37) – Homélie du Père Louis DATTIN – Sedifop

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